vendredi 15 février 2008

Guilhem Granier




Autre transition musicale pour une autre chronique, celle du fond sonore des « martin pécheurs » qui a allégé par hasard la nappe organique de Machinefabriek sur zeeg. En effet, c’est en lançant un moteur de recherche sur Madrid que je tombe inévitablement sur le fondateur de ce groupe Guilhem Granier. Le temps d’approfondir ces informations sur un album en écoute chez mon disquaire habituel, je devais laisser passer l’opportunité d’acquérir « night clubber », le premier des deux album de Madrid. Absolument fan du deuxième et dernier opus hébergé chez ici d’ailleurs, je me contentais alors du souvenir de cette musique libre. Le souvenir d’un son architecturé, de guitares éthérées, d’une liberté improvisée entre jazz et rock me plongea dans l’angoisse de ne pas revoir cette pochette de si tôt. Difficile de lancer un moteur de recherche avec Madrid, et pourtant ici d’ailleurs est tombé rapidement et de fil en aiguille, en suivant le chemin arborescent des liens proposés, Guilhem Granier et ses travaux ont jailli logiquement.
L’arborescence donc, avec ce cv artistique de collaborations, Hugues Pluviôse donc (présentation sur le site des marins pécheurs), mais aussi Jull, un morceau sur la compilation Cadavre exquis, et son deuxième groupe Thousand & Bramier. Aussitôt ressorti mes étagères, je me suis confortablement installé dans le rocking-chair country/folk fraîchement restauré depuis quelques années par Bonnie Prince Billy. « Etonnant » parait-il (d’après quelques critiques) de retrouver Guilhem s’adonner à cette pause boisée. Je pense plutôt que c’est l’acte récréatif d’un génie du son et de la musique. De Madrid à Thousand & Bramier en passant par JULL, l’artiste marque une polyvalence étourdissante, un talent immense enfoui dans les oubliettes de l’anonymat underground. La faculté d’adaptation est un don que Guilhem cultive en se fondant musicalement dans un moyen d’expression qui n’est pas exclusivement le sien. Se mettre à la hauteur de Johnny Cash le temps d’un album. « Empty bar » est un sommet qui pourrait rendre Will Oldham ou David Pajo (version Papa M) insomniaque.
En passant, ce disque lumineux est hébergé par Arbouse recordings qui excelle dans la musique lyrique et bucolique, de l’électro, au néo-classique, en passant par le post-rock et le country-folk ici. Arbouse reste un label très éclectique, ouvert, disponible, avec une politique culturelle revendicative et proposant un catalogue d’une qualité injustement méconnue. Comment supplier les amoureux de musiques qu’on entend pas partout (et même nulle part) d’aller visiter ce coin d’hexagone (Montrozier (12)), d’écouter et d’acheter les quelques trésors distribués au compte gouttes. Alors que la plupart des disquaires baissent les bras, Cyril Caucat, initiateur de ce collectif, ne plie pas et continuent lentement à distiller une optique aérée et spacieuse quelque soit le style de musique. Il est question de prise de risque alors qu’Astrïd fleurte avec Rachel’s et Boxhead ensemble, que la folie d’Hopen taquine le label anticon, que acétate zéro rivalise sans complexe avec mono ou God speed you black emperor ! et qu’il est proposé en avant première sur une compilation en deux volumes, l’ébauche d’un succès avec une démo de Girls in Hawai, un des plus grand disque de rock de ces dernières années.
Jull de son côté propose un word spoken autour de la nature, extrêmement poétique, délicat et nu. Guilhem Granier est à la batterie et à l’orgue, mais aussi participe à l’écriture. Autre architecture musicale somptueuse autour de ces paroles monocordes psalmodier à la façon de Serge Teyssot-Gay (avec le terrible « on croit qu’on en ai sorti »). A des années lumières du très visible Grand corps malade … que se passe t-il dans les coulisse d’une fnac pour qu’autant de déséquilibre opère constamment, pour qu’ils préfèrent « la prochaine fois aller prendre le bus » que de « prendre le parti des sanglier ». Des montagnes de slam sur les étagères et un Jull disponible chez Ground zéro (très bon disquaire indépendant parisien). Succès engendré par cette sur exposition marketing de l’hyperdistribution culturelle, l’absence de Jull dans les bacs est une dramatique lacune, « _de la neige et des océans » de Jull est entre parenthèse téléchargeable gratuitement sur le site de « l’amicale underground ».
Enfin, pour revenir à Madrid, groupe éphémère, je ne pourrais pas m’étendre sur « night clubber » puisque je suis maintenant intensivement à sa recherche. L’appel est lancé, et je retourne me réfugier dans l’album éponyme de Madrid (sold out chez ici d’ailleurs), un disque vaporeux, proche des atmosphères délétère de Migala de la même époque.
THOUSAND & BRAMIER 2006 : "the sway of beasts" label: arbouse recordings
JULL : "_de la neige et des océans" label: l'amical underground

1 commentaire:

Hélène Rousselet a dit…

J'ai l'album night clubber de Madrid. Cadeau de guilhem il y a fort longtemps. Je l'écoute toujours avec autant de plaisir.

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