samedi 25 juin 2011

Esmerine






Une plage ambiante rythmée par un xylophone, une mélancolie néo-classique belle à crever, Constellation, Beckie (Rebecca) et Bruce en protagonistes. Et puis des artiste de l'hotel2tango qui gravitent. Et toujours ce violon, ce xylo, ce plomb contemporain qui injecte, anesthésie et fait danser dans un évanouissement heureux.
Quelque chose morigène outre atlantique, des grands espaces libres, des nappes naturelles impossibles à retranscrire ici, dans nos contrées étriquées. Un langage, des paysages d'horizons sombres et de quiétudes inquiétantes. Des ciels tourmentés sans que nous puissions l'avouer. Esmerine le joue, l'interprète sereinement. « Aurura » nerveux et flou se cherchait après le prodigieux premier album 2003. Dix ans après, les contours se redessinent, s'ajustent, plus calmes, plus troublants, plus graves encore.


Harris Newman n'est plus aux manettes, Patrick Watson est invité au piano, à la voix, et à l'enregistrement. Pour ce troisème album, Sarah Pagé harpiste et Andrew Barr percussionniste sont venus renforcer la formation.
Esmerine a encore pris de la hauteur, tout en humanisant son art. La voix cristalline d'homme romantique est incarnée à deux reprises par Patrick Watson. Il vient ici, dans sa ville natale, prêter un peu de sa vision poétique. Les moments tendus sont là aussi, comme à son habitude. Bruce Cawdron est batteur, il emporte tout avec lui sur « little streams make big rivers »... les cordes dansent autour, ainsi que le cuivre de Colin Stetson, et le débit gonfle, déborde.. avant l'arrivée du crépuscule, juste après, "sans laisse".


Bruce Cawdron a sorti en compagnie de Harris Newman un superbe disque chez madrona records, sous le ,nom deTripple Burner en 2006. C'est aussi un membre de Godspeed, comme Efrim, et a joué sur Set Fire to Flame, Fly Pan Am, HRSTA... cette grande famille de Montreal.


Cet opéra pop contemporain flotte sur des nimbes ambiantes exotico-celtique. Du coup, en l'espace de quelques jours, ma chronique sur Machinefabriek/Peter Broderick est déjà obsolète. Qui pourra dépasser la beauté des cordes de « La lechuza » ? 2011 livre ici le plus bel album néo-classique ambiant contemporain, et Constellation sa plus belle pièce depuis « If only sweet surrender to the nights to come be true »... d'Esmerine déjà.




Lhasa De Sela chante encore, elle est là dans un trouble absolu. Sa voix, une chanson perdue avec Rebecca et Bruce en 2008, qui ressurgit d'outre tombe. Puis Watson qui se confond sur « snow day for Lhasa ». Aussi troublant que l'hommage à Vic Chesnutt chez Efrim. Ces deux là accueillis, ont brûlé l'hotel des deux tango. Et l'on valse à la mémoire, on danse et l'on pleure. A la mémoire de deux artistes irremplaçables, à la mémoire de ce disque épique. Le silence habille, la délicatesse règne, des fantômes se rencontrent.

Esmerine 2011 « La lechuza » label : constellation
www.cstrecords.com
www.esmerine.com

échelle de richter : 9
support cd
après 6 écoutes






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